Mirontaine sta leggendo

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Professeure des écoles par correspondance et lectrice passionnée autant en littérature de jeunesse qu’en littérature générale.

8 janvier 2014

L'indicible en littérature jeunesse, voilà un thème qui attise beaucoup ma curiosité. Que dire, comment le dire, pourquoi le dire?
C'est à toutes ces interrogations que Jeanne Benameur répond joliment et poétiquement dans ce court texte.
Céline et Mathieu attendent dans les couloirs de l'hôpital. Leur papa est dans le coma. Leur maman est anéantie par le chagrin. Il pourrait être très triste ce texte mais il ne l'est pas car l'auteur réussit brillamment à inventer un univers, un monde imaginaire dans lequel évoluent les enfants. Leur père sera-t-il un héros plus fort que la mort?
Il est parfois difficile de trouver les mots face à la fatalité qui nous rend,nous les adultes, impuissants.

C'est la force de l'imagination qui permet à Céline et Mathieu de surmonter la douloureuse attente.
Roman délicat qui se referme sur les douces paroles du sage Issaïa "on continue d’aimer parce que notre cœur de vivant continue de battre; Tu sais, les dates des venues au monde, des départs loin du monde, le cœur ne connait pas. Il ne lit pas les chiffres. Il sent seulement et c’est un bon guide pour le chemin. Mathieu écoute. Les paroles de l’homme ont rencontré son chagrin. Sans bruit, il s’est mis à pleurer."

roman

Actes Sud

9,20
8 janvier 2014

"Je suis une solitaire. De la pire espèce. Celle des taupes. Une inadaptée. J'ai besoin de ma tanière, mon trou de terre."
Je n'ai jamais lu "Les Déferlantes"... Claudie Gallay a écrit "Seule Venise" juste après ce grand succès. Ce roman est très poétique. C'est le récit intime d'une femme qui s'isole dans une pension vénitienne, suite à une rupture. Venise au coeur de l'hiver, grise et silencieuse, la narratrice cherche à oublier son chagrin d'amour. Les pensionnaires tentent de rompre la solitude . L'aristocrate russe en fauteuil roulant nous emporte loin dans sa Russie natale, la jeune danseuse romaine partage sa fougue pour un amour naissant, puis un libraire mystérieux qui réussit par le biais des mots à faire renaître le désir de l'attente.

Le chemin emprunté par cette jeune femme, à la recherche d'elle-même, nous est offert dans une langue très proche des émotions. Venise en arrière plan est tour à tour troublante et mystérieuse. C'est un joli roman d'atmosphère sur la solitude et les déambulations des uns et des autres nous apprennent beaucoup sur l'union de tous ces pensionnaires, fantômes de la Lagune.

7,00
8 janvier 2014

"Le jour de ses 18 ans, Virginie reçoit un livre qui va bouleverser sa vie. Elle décide de partir, de tout quitter, pour aller réfléchir au coeur de la forêt.
Quel sens donner à sa vie ?
Faut-il poser les mêmes choix que ses parents ? Son univers n’est-il pas, jusque là, fait d’apparences ?
À 18 ans, au seuil de l’âge adulte, Virginie décide d’écouter ce qui vibre au plus profond d’elle.
Ce court roman est une ode à la nature, à l’amour, à la simplicité et à la liberté.

Dans un style épuré et imagé, l’auteur nous promène dans la forêt sauvage, mais soulève également des questions essentielles." (Présentation de l'éditeur)

Je ne sais pas si ces questions suscitent encore l'intérêt des jeunes adolescents mais ce livre fut pour moi une réelle pause, un moment de quiétude dans cette frénésie du mois de Décembre.

Ce livre publié en 1997 vient d'être ré-édité chez Mijade. On reconnaît la particularité de la plume de Franck Andriat, découvert grâce à Jolie libraire dans la lumière.

8 janvier 2014

Voulez-vous me suivre dans le train de 6H41 ? Il est bondé... Nous sommes lundi matin. Le train regagne Paris. À son bord, Cécile Duffaut, la quarantaine, femme sûre d'elle, au moins en apparence. Elle vient de passer le week-end chez ses parents en province, seule car ni sa fille, ni son mari n'ont voulu l'accompagner. Elle pourrait éventuellement lire un magazine, observer le paysage ou les autres passagers... mais dans ce train de 6H41, entre Philippe Leduc, ancien amant.
Philippe rend visite à Mathieu, son ami, ultime visite probablement. Il prend place à côté de cette femme qu'il reconnaît immédiatement. Ils avaient vingt ans, vingt-sept années se sont écoulées...

Comment rétablir la communication suite à la rupture brutale lors d'un séjour londonien ?
Jean-Philippe Blondel propose dans ce roman la rencontre improbable de ces deux vieux amants. Le temps d'un trajet, on découvre ce qui réunit ces deux individus, ce qui les oppose désormais. Telle une tempête sous un crâne, on accompagne les pensées des personnages, les mots se poseront-ils sur les lèvres de Cécile et de Philippe ? Resteront-ils figés en pensées ?
Prenez le train de 6H41 pour découvrir comment le passé peut à jamais déterminer une vie. Huis-clos surprenant qui nous emporte vers son point culminant : l'arrivée en gare à l'issue d'une troublante introspection de l'âme humaine.

9,20
8 janvier 2014

" Je ne suis pas un brave, je suis un Rom. Je marche le front bas, comme une bête. Je déteste le monde, la vie, les fleurs.
J'ai peur qu'on m'attrape, qu'on m'emmène ailleurs, quelque part. Qu'on me brûle vivant comme on brûle les carcasses dans les bennes. Des veaux de vingt jours. Qu'on me transforme en poussière d'abattoir.
Je marche. Sans savoir où je vais."
Probablement le texte le plus âpre de Claudie Gallay. La famille Pazzati: Mam' et sa douceur abrupte, l'oncle Jo et son saxo, Pa' l'écorché vif, Zaza et son phrasé rongé... et puis Dan l'enfant unique de cette famille à la dérive.

Les personnages sont des ogres,sculptés dans la terre glaise. Roman sauvage d'un monde marginal où la violence se mêle à la folie.
Le père dresseur de fauves mène son cirque à la dérive. La guenon devient la confidente de Dan, l'ombre douce et chaude d'une mère farouche.
Les adultes sont cruels parfois. Ils fréquentent les églises, c'est la pierre, la honte des hommes qui viennent dans les églises pour oublier leurs péchés. Quand les hommes s'en vont, les péchés restent. A force ça remonte. L'humidité des églises, c'est toute la honte des hommes.
Claudie Gallay réussit à distiller de la poésie dans la misère pour nous emporter avec Dan vers cette quête merveilleuse de la mer.
"On se promet la mer.
On fait ça vite, sans réfléchir.
La mer".