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Conseillé par la Librairie Tire-Lire à Toulouse

Union Soviétique, automne 1941. Envoyée à l’orphelinat de Karakievo parce que ses parents sont considérés comme des «ennemis du peuple», Nina Volkovitch a fait le serment de s’enfuir et de retrouver sa mère, emprisonnée dans un goulag de Sibérie. Mais comment s’enfuir d’un tel lieu quand on a quinze ans, et qu’on en paraît douze? Ce qu’elle ne sait pas, c’est que sa mère a pris soin de dissimuler de précieux indices pour l’aider à s’échapper, mais aussi pour lui révéler les dons particuliers qu’elle possède sans le savoir. Car Nina est la descendante des Volkovitch, une illustre famille qui détient des pouvoirs aussi prodigieux que terrifiants. Et c’est elle, Nina, qui représente le dernier espoir face à un ennemi plus menaçant que la dictature soviétique… Nina Volkovitch est en quête de liberté dans une Russie oppressée par son régime totalitaire. Avec cette trilogie, Carole Trébor emmène son lecteur dans une aventure haletante où se confrontent la liberté d’expression et la censure. Magnifique!

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(Texte provisoire)   Nina Volkovitch T2, Le Souffle, édition poche Voici plusieurs semaines que Nina séjourne au monastère pour son « initiation ». Sous l'oil sévère mais bienveillant d'Arkadi Tchernigov, le maître des lieux, elle dépense toutes ses journées à fabriquer des icônes sans comprendre en quoi cette activité va lui permettre de contrôler ses dons si particuliers. Ne perd-elle pas un temps précieux alors que sa mère se meurt aux confins de la Sibérie ? Constatant ses progrès, Arkadi Tchernigov décide de dévoiler à Nina une partie des secrets qui entourent sa famille. Il lui montre alors trois icônes conçues par son lointain ancêtre Dimitri Volkovitch. Trois icônes qui renferment trois anges dont elle seule peut contrôler, grâce au Souffle, les immenses pouvoirs. C'est alors que les hommes de main de son oncle attaquent le monastère pour récupérer ces icônes. L'auteur, Carole Trébor Carole TRÉBOR est historienne, JRI, auteur et réalisatrice : elle a travaillé pour de nombreux festivals, l'Ina.fr (Les Jalons de l'Histoire), Arte.tv (Les Tabous de l'Histoire), France 5 (Silence, ça pousse !). Pendant sa thèse de doctorat consacrée aux échanges artistiques entre la France et l'URSS (1945-1985), Carole TRÉBOR s'est rendue aux archives de Moscou à un des rares moments où elles étaient ouvertes, entre censure soviétique et censure poutinienne. Elle est la première à avoir ouvert les cartons sur le musée d'art occidental de Moscou - inconnu en France - et sur sa liquidation. Tenir entre ses mains des lettres de dénonciation et les décrets de liquidation du musée a été une expérience aussi romanesque que bouleversante.




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Carole Trébor: «Tout est possible si tout est explicable»

Pendant sa thèse de doctorat consacrée aux échanges artistiques entre la France et l’URSS (1945-1985), Carole Trébor s’est rendue aux archives de Moscou à un des rares moments où elles étaient ouvertes, entre censure soviétique et censure poutinienne. Elle est la première à avoir ouvert les cartons sur le musée d’art occidental de Moscou – inconnu en France – et sur sa liquidation. Tenir entre ses mains des lettres de dénonciation et les décrets de liquidation du musée a été une expérience aussi romanesque que bouleversante.

REV'EN PAGES: Toute l'originalité, le souffle, de la trilogie "Nina Volkovitch" est de mêler avec brio l'histoire de l'URSS sous Staline (thème rarement, voire jamais évoqué dans la littérature pour adolescents) à une intrigue fantastique. Quelle a été votre envie première: écrire un roman historico-fantastique ou fantastico-historique?
CAROLE TRÉBOR: Ma première envie, c’était d’écrire de l’historico-fantastique! C’est un événement historique qui est détonateur de l’histoire de Nina. L’enfermement de sa mère en goulag, conséquence de l’anti-cosmopolitisme et du totalitarisme stalinien, donne à l’héroïne son objectif: libérer sa mère, quitte à traverser toute la Russie. J’aime tisser des liens entre grande Histoire et petite histoire, montrer comment les destins intimes de chacun peuvent être bouleversés par des systèmes politiques pervers. J’avais aussi envie de faire connaître l’histoire russe aux collégiens, et qu’elle soit incarnée à travers la quête initiatique d’une héroïne attachante à laquelle ils peuvent s’identifier. Puis j’ai ajouté la dimension fantastique: la magie représente pour moi la liberté de l’imaginaire, qui aide à trouver une lumière dans les pires des situations. Et le fantastique insuffle une autre tonalité à la narration, il donne une nouvelle profondeur au champ narratif. Comme des touches de couleur inattendues, saugrenues, décalées que l’on découvrirait dans un tableau réaliste. Dans la littérature russe, il n’y a pas de cloisonnement, ni de hiérarchie des genres: on peut trouver des notes de fantastique dans des romans réalistes. Ce qui est essentiel, c’est que le contexte historique soit extrêmement rigoureux. Et si la magie donne des ailes, elle nécessite aussi une grande rigueur. Un univers fantastique ne fonctionne que si l’auteur peut justifier le moindre détail. Tout est possible si tout est explicable et cohérent.

REV'EN PAGES: Est-ce, parce que comme nous, vous aviez du mal à quitter la lignée Volkovitch, que vous avez eu l'envie d'écrire la préquelle avec l'histoire de Vassili Volkovitch sous Ivan le Terrible? Et peut-on espérer un jour retrouver Nina, à Paris, sur les traces de son père?
CAROLE TRÉBOR: Dans le cas précis du roman de Vassili, je mets en scène un guerrier au service du jeune tsar Ivan IV, qui est lui-même un personnage secondaire du récit (contrairement à Staline qui n’est pas présent directement dans "Nina"). J’explore de nouveau le thème de la tyrannie, mais au moyen-âge. Tout puissant, représentant de Dieu sur Terre, le tsar est seul juge des hommes. Ses décisions, d’essence divine, sont irréfutables. Les nobles (boyards) et guerriers ont le devoir de se sacrifier pour lui. Le jeune Souffleur est donc prêt à utiliser la magie des Volkovitch pour le sauver: il a prêté serment de se dévouer à son frère de lait, Ivan, dès l’enfance. Rien n’est plus important pour le héros que la vie de son tsar, jusqu’au moment où il réalise que la cruauté de ce tyran, dont la folie est déjà présente en 1549, peut se retourner contre lui… Par ailleurs, je voulais donner une place importante à des personnages féminins. Or à cette époque, les femmes sont considérées comme les émissaires de Satan, elles n’ont aucun droit à part celui de donner naissance et de prier; elles sortent couvertes de fard blanc pour dissimuler leurs traits de tentatrices démoniaques. Seules les guérisseuses, bien que tributaires de la première accusation d’hérésie, sont susceptibles de transmettre des savoirs et de vivre plus librement: c’est le destin que j’ai choisi pour Olia et sa mère, à travers lesquelles je raconte les origines des pouvoirs des Passeurs. Et ce lien entre des sorcières, figures incontournables du moyen-âge, et des membres de la Communauté des Trois contribue à l’imbrication délicate entre les réalités historiques d’une période et la magie séculaire des Trois Anges… L’objectif, c’est aussi d’assumer que le style, le lexique, la tonalité, voire le genre des romans changent d’un siècle à l’autre. Sous Ivan le Terrible, Dieu est omniprésent, je ne veux pas faire parler mes personnages comme sous Staline. En outre, il s’agit d’une enquête plus que d’une quête initiatique. "Vassili Volkovitch", c’est une enquête historique et fantastique!

Propos recueillis par l’équipe de la librairie Rêv’en pages, à Limoges