Milwaukee blues, Roman

Louis-Philippe Dalembert

Sabine Wespieser Éditeur

  • Conseillé par (Au moulin des Lettres)
    4 octobre 2021

    Un roman puissant sur le racisme et la violence ordinaires aux Etats-Unis

    Dès les premières lignes, Dalembert happe le lecteur avec ce récit d’ouverture à la 1ère personne du premier narrateur de ce roman qui va en compter 7.
    Chacun de ceux et celles qui vont prendre tour à tour la parole pour raconter ce qu’ils connaissaient d’Emmett, gamin noir grandi dans le quartier de Franklin Heights à Milwaukee, va compléter le portrait plein d’humanité de l’un des leurs, assassiné par la police lors d’un contrôle de papiers. Tel un choeur antique, ces proches vont nous faire découvrir l’enfant, l’adolescent et l’homme, et à travers ce récit choral puissant, c’est le déterminisme social et le racisme qui vont s’imposer en personnages principaux.
    Structuré en 3 grandes parties, le roman déroule la vie de ce garçon qui aurait dû, au vu de ses talents, accéder au cercle fermé des joueurs de football professionnels. L’enchaînement des faits va prouver que, quoiqu’il ait pu faire pour y arriver, un rien l’aura jeté à terre, lui faisant redescendre brutalement les échelons gravis un à un pour sortir du ghetto.
    Ce « blues » évoque non seulement la vie et la mort d’un garçon américain mais également le contexte dans lequel il grandit et la vie quotidienne dans un quartier noir. Quelles perspectives s’offrent aux gamins qui naissent là ? La vente de drogue en est une. La mère d’ Emmett le sait parfaitement et va tout faire pour éviter que son fils tombe dans le piège de l’argent facile. Femme admirable de par sa ténacité et sa droiture, elle va encourager Emmett à réaliser ses rêves.
    La troisième partie, différente car se passant après sa mort, met en scène la mobilisation autour du slogan « Black Lives Matter », né en 2013. Dalembert s’est inspiré de la mort de George Floyd – survenue en mai 2020- et c’est aussi un hommage qu’il lui rend à travers ce texte.
    Le prénom d’Emmett renvoie à une autre figure du réel, celle du jeune Emmett Till, lynché à mort soixante-cinq ans plus tôt, préfiguration de ce que subira le personnage de « Milwaukee Blues », et constat amer de la persistance de la violence systémique des policiers blancs envers les Noirs aux Etats-Unis.