Les Ames soeurs

Valérie Zenatti

Éditions de L'Olivier

  • 13 octobre 2010

    "Elle pense qu'elle est en train de chercher la bonne position pour vivre, comme on cherche la bonne position pour dormir..."

    Voici mon coup de coeur de Septembre! Un très beau roman de Valérie Zenatti, auteure que je découvre.

    "Enveloppée par l'obscurité et le silence de la nuit, elle avait le sentiment de revenir à elle. On cessait de bourdonner à son approche pour lui réclamer mille et une choses. Son esprit endolori pouvait enfin se détendre "(p12).

    Emmanuelle s'offre une pause dans sa vie trépidante de maman de trois enfants. Le temps d'une journée, elle s'offre le luxe de fuir ses impératifs afin de lire son roman. Cette fuite sera l'occasion de faire le point sur sa vie. L'envie d'Emmanuelle est d'apprendre à connaître Lila Kovner, héroïne de son roman. Lila est photographe et tente de se reconstruire après le décès accidentel de son amour Malik. Un écho dans la vie d'Emmanuelle qui vient de perdre sa meilleure amie Héloïse.

    Héloïse et Emmanuelle partagent la même souffrance d'une maman partie trop tôt. La lecture de ce roman relatant la vie de Lila Kovner va l'affranchir de toutes ces cordes qui la retiennent dans son élan de vie.

    "Elle n'avait qu'une hâte: retrouver le livre, se sentir absorbée par lui, reprendre sa place dans cette vie secrète et intense où tout lui était possible, où tout était vivable " (p41).

    Comme Emmanuelle, je me suis laissée emporter par le roman de Valérie Zenatti. L'auteure construit deux romans en somme, la vie de Lila Kovner se déroule en même temps qu'Emmanuelle tourne les pages de son roman et s'interroge sur sa propre vie. C'est un formidable roman sur le pouvoir de la lecture, sur cette possibilité d'éclairer ses propres choix de vie.

    Lila Kovner devient peu à peu son âme soeur. La fin de ce roman est surprenante...Peut-être le roman intercalé de la vie d'Héloïse m'aurait davantage séduit que la vie de cette photographe de guerre. Une belle plume toute en sensibilité, un style très fluide, Zenatti abuse parfois de la périphrase mais Les âmes soeurs m'ont enchantée.



  • Conseillé par
    4 juillet 2010

    Est-ce parce qu’elle a commencé un nouveau roman qu’Emmanuelle décide ce matin-là de faire la salariée buissonnière? Il semblerait… puisque, une fois les enfants casés à l’école ou chez la nourrice, le mari parti et la clé tournée dans la serrure, elle n’a de cesse de trouver un endroit calme pour poursuivre sa lecture. Mais les mots qu’elle absorbe, l’histoire de Lila, son amour fou pour Malik, sa passion pour la photographie sont autant de questions qui lui reviennent en boomerang dans la figure.

    Un mari qu’elle n’est pas sûre d’aimer? Un boulot qui l’ennuie? C’est ça, sa vie? Avec peut-être, en plus, le risque de la perte, de l’accident pour ses enfants, de la maladie pour elle et ceux qu’elle aime, à l’image d’Héloïse, sa meilleure amie, qui a récemment succombé à un cancer? Emmanuelle profite de cette escapade, dans un Paris qu’elle voit sous un jour nouveau, pour faire le point et l’on suit ses pérégrinations autant que sa lecture, véritable rampe d’appui de ses réfléxions…

    J’ai lu ce livre vite. Sans déplaisir mais sans réel enthousiasme non plus. J’ai trouvé certains passages sur la vie quotidienne ou le plaisir de la lecture très réussis. D’autres beaucoup plus convenus, comme déjà lus ailleurs… Cette déambulation dans le grand magasin par exemple, avec l’incontournable séance beauté qui, comme le masque à l’argile, révèle à l’héroïne son nouveau visage. Le risque, quand on mène deux histoires de front, comme le fait Valérie Zénatti dans ce livre, c’est de n’aller au bout ni de l’une, ni de l’autre. Et c’est un peu l’impression qui me reste après lecture. Lila est ébauchée, Malik est à peine entrevu. Emmanuelle entame quelque chose, hésite puis renonce, fait demi-tour, se contente d’une fugitive impression de bonheur. Seul action d’éclat : elle se dit qu’elle n’ira plus jamais travailler dans ce bureau qu’elle abhorre… Et la fin qui s’amuse à réunir – ultime clin d’œil – les deux histoires m’a semblée franchement capillotractée…

    En conclusion, une lecture tiède qui me laissera peu de souvenirs…