Conseillé par Coralie, Stéphanie et Rémy
Le roman s'ouvre sur une scène glaçante. Dans un aéroport, deux soeurs, Kessané et Tina, sont séparées de leur mère par des douanières russes. Elle viennent de passer l'été chez leurs grands-parents géorgiens et s'apprêtent à rentrer en France. La fouille de ces enfants est psychologiquement révoltante.
Le lecteur découvre cette famille géorgienne vivant dans un petit pavillon au Vésinet. Tamaz, le père, est né en France, sa famille ayant fui le pays en 1921. Dans sa jeunesse, il tombe follement amoureux de Daredjane, jeune danseuse originaire d'Abkhazie alors qu'elle est en tournée à Paris.
La République d'Abkhazie est un état situé entre les montagnes du Caucase et les bords de la Mer Noire qui a déclaré son indépendance en 1992 mais qui n'est reconnue que par quelques pays dans le monde. Aujourd'hui l'ONU considère qu'elle fait partie de la Géorgie. L'histoire de ce petit état fragile fait évidemment écho à l'actualité ...
Tamaz et Daredjane ont eu deux filles. Kessané, l'aînée, nous raconte son enfance, ses premiers émois avec Othar, son amour des étés géorgiens, la complicité avec sa soeur et le noyau familial solide qu'ils forment tous les quatre.
Mais le roman s'intitule "Nous nous aimions" car l'imparfait est de mise depuis que l'équilibre familial a été ébranlé par la mort de Tamaz. La tension monte entre les filles et Daredjane ne sait pas tempérer.
Impuissant, le lecteur assiste à la déliquescence de cette famille avec en toile de fond l'histoire de l'Abkhazie et la fierté de venir de là. L'analyse très fine des sentiments et de la psychologie de ces trois femmes ainsi que la construction du roman font qu'une fois commencé, il est difficile de s'arrêter ...
Conseillé par Célia, Coralie, Chloé et Alexandra
"Madame Hayat" est un portrait féminin comme on en voit rarement. Madame Hayat est une femme solaire, voluptueuse, insaisissable et incroyablement libre.
Lorsqu'il la voit pour la première fois, notre jeune narrateur Fazil lui aussi est subjugué. Cette femme, pourtant plus âgée que lui, va le troubler par sa beauté et son hédonisme.
Leur relation va l'amener à interroger son rapport à la vie. Lui, un jeune étudiant en Lettres devenu boursier suite au décès de son père, découvre une réalité parfois brutale, où répression et censure s'étendent chaque jour.
Il y a aussi Sila, une autre jeune femme qui va impacter cet homme en construction. Passionnée de littérature et enragée par le climat politique du pays, elle bouscule le jeune homme dans sa vision du monde.
Ces deux femmes que tout oppose, marquent pourtant leur complémentarité dans leur façon d'élever Fazil vers l'homme qui deviendra.
Une éducation sentimentale contemporaine où se mêlent quête de liberté, amour, érotisme et littérature.
Conseillé par Stéphanie, Manon R et Rémy
"Les lumières d'Oujda", le nouveau roman de Marc Alexandre Oho Bambe, porte l'empreinte du slameur : une grand humanisme et un goût prononcé pour la poésie.
Le narrateur, camerounais, a tenté sa chance à Rome, vivant de petits boulots et petits trafics mais alors que son âme de poète pensait enfin avoir trouvé l'amour de sa vie, la réalité vient briser son rêve. Le voilà contraint de retourner à la case "départ" ou plutôt "retour au pays".
Le jeune homme vit ce retour forcé comme un échec. Honteux de revenir alors que sa famille l'avait aidé financièrement. "Partir, revenir, devenir. Revenir à tout, à soi. Devenir soi-même sinon rien", voilà ce que se dit le narrateur. Heureusement il a une grand-mère dans sa vie : merveilleuse Sita. Pour sortir de l'ombre et trouver la lumière c'est au Maroc que ses pas vont le mener. Auprès du Père Antoine et de ses "fugees" (réfugiés), auprès d'Imane aussi. Notre homme va se nourrir de ces rencontres et revenir à la vie. Il y a une belle histoire donc, si humaine, et puis il y a la langue. Envoûtante, poétique, lumineuse, la plume de Marc Alexandre Oho Bambe est si belle...
Conseillé par Manon R, Manon T, Rémy et Laura
Mais qui est cet inventeur dont personne n’a entendu parlé, ou plutôt dont personne ne se souvient ? Cet inventeur c’est Augustin Mouchot, fils de serrurier, qui devient professeur de mathématiques. Nous sommes au milieu du 18ème siècle, et il est un des pionniers de l’énergie solaire. C’est ce même homme qui invente une machine nommée Octave, une machine qui ravie Napoléon III et qui emmènera Augustin jusqu’à l’Exposition Universelle à Paris en 1878. Dans un corps fragile, il a survécu à de nombreuses maladies, mais quel cerveau de génie ! Il est un des grands inventeurs oubliés de l’histoire.
Miguel Bonnefoy, avec son écriture si romanesque, réussit à faire revivre Augustin Mouchot. En véritable conteur, on se laisse emporter dans le rythme qu’il donne à cette histoire sans pouvoir lâcher le livre. C’est aussi un réel plaisir d’en apprendre plus sur la vie de ce scientifique méconnu. C'est une histoire fascinante, la vie d’un homme au destin singulier.
Conseillé par Alexandra, Joséphine et Stéphanie
A Itsandra, aux Comores, une rencontre singulière a lieu entre deux adolescentes : Gaillard, jeune servante, et Halima, jeune fille bien née contrainte au mariage. Chacune se sent prise au piège dans sa vie, lorsque le merveilleux fait soudainement irruption dans le réel, sous la forme d’un petit objet magique. Mais elles ne sont pas les seules à vouloir en révéler les secrets. Gaillard se lance alors dans une quête initiatique, dans une danse entre l’imaginaire et la réalité, qui va lui permettre
d’apprendre à se construire, et à trouver sa liberté.
Avec un univers digne des milles et une nuits, ce roman est un véritable voyage entre les mondes, où la magie se mêle au réel. L’imaginaire est riche, sensoriel, et à la croisée de plusieurs contextes socio-culturels, à l’image des Comores. La relation entre ces deux femmes est profondément belle, puissante et inspirante.
"Le feu du milieu" est un roman rare, d’une richesse immense, emprunt de légendes et de spiritualité. Une plongée merveilleuse dans un univers entre traditions et modernité menée par une écriture d’une grande sensibilité.