Louis-Philippe
EAN13
9782213652887
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français

Louis-Philippe

Fayard

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Humilié, comme tous ceux de sa lignée, par les Bourbons, critiqué, puis menacé
durant la Révolution, éternel candidat au moindre trône vacant d’Europe,
opportuniste ou passant pour tel (il fut quasi jacobin dans sa jeunesse et
finit sa vie en monarque autoritaire chassé par une émeute), moqué par ses
adversaires politiques des deux bords au cours de son règne, Louis-Philippe a
laissé dans la mémoire des Français une image ambiguë et contradictoire. Par
surcroît, ce n’est que depuis peu de temps que sont accessibles aux historiens
les archives permettant d’éclairer sa figure de façon définitive. Guy
Antonetti est le premier d’entre eux.

Qui était donc le dernier roi sous lequel les Français ont accepté de vivre ?
Faudrait-il, comme on le fait souvent des personnages mal connus, le
statufier, le créditer d’avoir fait avancer la démocratie libéra-le et d’avoir
donné au pays près de vingt ans de stabilité ? Certes non. Si son règne ne fut
pas le désastre que l’on a dit et si nombre de ré-formes positives portent son
empreinte propre, il est clair que Louis-Philippe a échoué. La monarchie issue
des Trois Glorieuses était à ses yeux d’une perfection indépassable. Il était
convaincu que le choix fait alors – le « juste milieu » entre l’absolutisme de
l’Ancien Régime et l’anarchie jacobine , garanti par la charte 1814 révisée,
était le seul possible. Il se prenait pour un homme de son temps, alors qu’il
n’était au fond qu’une figure éminente de cette aristocratie éclairée du
xviiie siècle qui se rallia au tiers état en juin 89 en rêvant de transformer
la monarchie en une royauté constitutionnelle on connaît la suite. Rejetant la
leçon, Louis-Philippe ne sut pas évoluer, en depit d’une in-telligence et d’un
courage évidents. La même insurrection qui l’avait mis sur le trône en juillet
1830 le balaya en quelques jours en février 1848.
Né en 1773, il prolonge, au siècle de la vapeur, l’époque des Lumières.
N’a-t-il pas, enfant, croisé Voltaire, lequel avait vingt ans en 1715 et
n’a-t-il pas dîné avec Robespierre et avec Washington, mais son père n’a-t-il
pas été l’homme le plus riche du royaume, et n’était-il pas lui-même quatre
fois l’arrière-petit-fils de Louis XIV ?

Louis-Philippe a voulu être roi, un vrai roi, un grand roi. Il a seulement
oublié que la France ne voulait plus de roi du tout, ni petit ni grand.

Professeur à l’université de Paris II, Guy Antonetti, agrégé de droit, est
historien du droit, spécialiste des questions financières et économiques.
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