Magali B.

Mylène Mouton

Le Rouergue

14,50
Conseillé par (Librairie La Géosphère)
11 mars 2022

Sensations fortes et dépaysement !

🦍 Au fin fond du Dolpang, petit territoire (fictif !) aux confins du Dolpo et du Mustang, les humains et les migoïs – abominables gorilles des montagnes – ne se côtoient jamais, sous peine de voir couler le sang des uns et des autres. Et pourtant, c'est bien pour traquer Chanah, une migoï gigantesque, que le jeune Tao va se risquer au-delà de la rivière. Malgré les dangers encourus et la peur qui le tenaille, cet apprenti moine-danseur s'est mis en tête de sauver une jeune fille des griffes de Chanah, qui l'a enlevée. Et pas n'importe quelle jeune fille : il s'agit tout de même de la Kumari, qui représente l'incarnation vivante et inapprochable de la déesse Kali !
🦍 Nous lecteurs·trices pressentons que l'immense migoï n'a pas un mauvais fond, car certaines pages dévoilent ce qui se passe dans sa grosse tête de primate sauvage. S'il est parfois difficile d'aller au-delà des apparences, les faits prouvent que cela en vaut souvent la peine...
🦍 Tour à tour aux côtés de l'audacieux Tao, de l'inébranlable Kumari et de la déroutante Chanah, nous sommes happé·e·s dans une aventure de haut vol, sur les pentes d'un Himalaya majestueux et sans concession. À mettre entre les mains des 12-14 ans amateurs de sensations fortes... et de dépaysement !

Conseillé par (Librairie La Géosphère)
18 février 2022

Messieurs, que diriez-vous de porter un soutien-verge ?

Oui, vous avez bien lu ! Un soutien-verge ! C'est l'accessoire oppressif par excellence dont les masculinistes d'Égalie rêvent de se débarrasser. Car Égalie, c'est le pays où les femmes sont dominantes et ce, depuis la nuit des temps. Ainsi, ce sont elles qui deviennent marines-pêcheuses, pendant que leurs époux éplorés scrutent l'horizon en espérant voir leurs navires de retour. Ce sont aussi elles qui occupent les postes à responsabilité, tandis que leurs conjoints assurent l'éducation des enfants et prennent le temps de friser leur barbe à coups de bigoudis en fredonnant "la célèbre ballade du jeune vierge Raipuce à la longue longue barbe" (enfermé dans une haute tour, vous savez ?) Et ce sont les femmes, encore elles, qui dominent les ébats sous la couette, décident si leur homme doit ou non prendre la pilule et, quand leur désir sexuel est trop fort, ce sont elles, évidemment, qui violent les pauvres victimes masculines sans défense.
✊ On rirait à gorge déployée si l'on n'y voyait pas, en miroir, un reflet étonnamment fidèle des dérives #sexistes que nous connaissons tou·te·s. Le tour de force de Gerd Brantenberg, c'est d'avoir poussé l'inventivité jusqu'à traquer dans la langue tous ces acquis dans lesquels "le masculin l'emporte". Ainsi, en Égalie, quand le soleil brille, "elle fait beau" et quand "les gentes" jurent, elles s'exclament "qu'est-ce que j'en ai à cypriner ?!" Rien que pour ça, on aimerait apprendre le norvégien, pour pouvoir lire ce roman jubilatoire en version originale. Et dire qu'il aura fallu attendre... 45 ans pour pouvoir le lire en français !

21,00
Conseillé par (Librairie La Géosphère)
29 janvier 2022

Une héroïne inoubliable !

🌳 Au fin fond du Grand Nord canadien, Fille-Rousse s'interroge : qui est-elle ? Une Yeux-Rouges ou une Longues-Tresses ? Féminine ou masculine ? Marquée par les rites de passage et le rythme des paysages, elle cherchera de toutes ses forces des réponses qui, complexes, ne peuvent être tranchées d'un seul coup.
🌳 Voilà un premier roman très fort, d'une grande maîtrise littéraire. Guillaume Aubin entrelace avec une habileté bluffante les problématiques de l'identité culturelle et celles du questionnement de genre. Il a séjourné dans ces régions, certes, et il s'est documenté avec passion sur les peuples autochtones. Et pourtant, malgré ses indéniables accents de véracité, "L'Arbre de colère" est une fiction pure, qui met en scène des tribus imaginaires.
🌳 J'ai été fascinée, immédiatement happée dans cette vie de plein air où la rudesse des éléments est accentuée par les tensions entre les peuples. Suivez Fille-Rousse dans son parcours initiatique : vous ne l'oublierez jamais !

23,00
Conseillé par (Librairie La Géosphère)
18 janvier 2022

Un sucre sans édulcorant, une amertume sans astringence

🍬 En première bouche, l'amertume de ce roman réside évidemment dans la maladie qui frappe la mère d'Antara, la narratrice. Alzheimer, ou une de ses déclinaisons, commence à grignoter le cerveau de cette femme qui, face à sa fille et au reste du monde, a toujours revendiqué une indépendance aussi farouche que précaire.
🍬 Le milieu de bouche, dans cette dégustation littéraire, dégage une autre amertume : celle d'une Antara phagocytée par sa mère toxique, non seulement au sein de l'ashram où cette dernière n'avait d'yeux et de temps que pour le Baba qui y sévissait, mais aussi par la suite, quand la jeune femme décidera d'embrasser une carrière artistique semée d'embûches.
🍬 Par bonheur, on referme ce roman avec sur la langue une note finale qui, enfin, révèle la délicate pointe de douceur que promettait le titre : le miel âpre d'une Inde qui offre tous les possibles, et surtout, le sucre de la vie qui, après tout, continue.

Conseillé par (Librairie La Géosphère)
31 décembre 2021

Magique !

🌾 C'est un roman comme un poème, un long poème en vers libres, tellement libres qu'ils en sont ivres, ivres d'air, de lumière et de beauté. Bérengère Cournut a ce pouvoir magique d'esquisser en quelques mots l'image d'une femme qui observe les nervures d'une feuille, d'une femme qui guette la vipère-vouivre dans son repaire, d'une femme qui chemine à la recherche de son frère.
🌾 En quelques mots, quelques pages, l'émotion est là, vibrante de couleurs et de sensations – avec, en filigrane, la figure d'Élisée Reclus, qui n'avait de reclus que le nom, lui qui arpentait le monde pour en défendre les causes, humaines ou non.