L'ODYSSEE D'HOMER... J. SIMPSON

8 août 2010

"Tout ce que j’ai appris d’important sur l’homme, je l’ai appris dans la guerre. La guerre ôte à l’homme la chemise et les vêtements de la convention, de la morale, des habitudes et des règles et elle le confronte avec des situations inattendues où il doit décider, parfois dans une seconde, ce qui est bon ou mauvais, juste ou injuste". L’homme qui s’exprime ainsi, sans concession ni état d’âme, s’appelle Arnošt Lustig. Il est tchèque. Il a 84 ans. Il est écrivain, lauréat du prix Franz Kafka, du Jewish National Book Award et du Man Booker Prize. Connu dans le monde entier, il n’était pas encore traduit en français jusqu’à maintenant.

Dans son ouvrage "Elle avait les yeux verts", l'auteur raconte l'histoire captivante de Hanka Kaudersova, 15 ans, dont la famille vient de périr à Auschwitz-Birkenau. La jeune fille juive se résigne à subir le même sort que ses proches sur une rampe de tri... Mais elle décide de survivre : elle se fait passer pour une Aryenne et intègre un bordel militaire de campagne, à quelques kilomètres des camps. Elle devient alors "Fine", la plus jeune prostituée du 232 Est. Une putain que les soldats vont surnommer "Z'yeux verts". Le livre retrace son histoire, ce qu'une jeune fille de 15 ans peut subir en 21 jours et ce qu'en fait ensuite, ou non, la mémoire ou l'oubli. La jeune héroïne connaît plus que sa part d'épreuves mais elle survit grâce à son corps, en puisant dans ses dernières réserves pour se dépasser elle-même.

Une plongée au cœur d'un destin unique, porté par une écriture limpide et sans concession. Une magnifique histoire de survie et de rédemption où la jeune héroïne ne peut pardonner l'impardonnable ni oublier l'inoubliable.

Au Diable Vauvert

19,00
1 août 2010

Né en 1968 en Angleterre, Warren Ellis a participé au renouveau du label Marvel dans les années 1990. Scénariste, il a travaillé sur des séries telles que "Ultimate Fantastic Four" et "Iron Man". Il est l'auteur du chef-d'oeuvre "Transmetropolitan" et des séries "Global Frequency", "Planetary" et "The Authority".

"Artères souterraines" est son premier roman. Et quel roman ! Un bijou d'humour noir, avec des personnages incroyables et des situations plus trash les unes que les autres ! A dévorer de toute urgence !

Un détective privé à la dérive, qui souhaite changer la vie des gens, est à côté de la plaque depuis que sa femme l'a quitté. Son job part à vau-l'eau. Il remet le pied à l'étrier quand le chef de cabinet de la Maison blanche débarque dans son bureau pour lui confier une mission : retrouver une seconde Constitution des Etats-Unis, un ouvrage secret qui doit permettre de sauver l'Amérique d'elle-même en remettant le pays sur le droit chemin d’une morale inflexible. Il se fait aider dans sa recherche par une jeune fille qu'il "cueille" dans la rue. Un duo qui fait penser quelque peu aux deux héros du polar "Millénium" de Stieg Larsson. Contre un demi-million de dollars, le privé accepte de parcourir une Amérique folle et déviante. Lors de sa quête, il va côtoyer des gens pas vraiment très recommandables et se retrouver dans des situations grotesques et affolantes, où sexe, perversion, pornographie, violence... sont légions...

17,20
27 juillet 2010

Fabrice Gabriel propose un roman épuré sur l’exil, le deuil et la quête artistique. En trame de fond : Norfolk. Le roman se lit comme une possible invention de soi où passé et présent se rencontrent, se mêlent et parfois se mélangent.

Quelques phrases longuettes apportent un peu de confusion parfois dans la lecture.... Dommage, le thème était pourtant prometteur : Gilles s’envole pour New York où il part sur les traces de son oncle, à la recherche d’une vérité que livrera peut-être le portrait du "Blue Boy", tableau de Gainsborough. Dans sa quête, Gilles est "guidée" par sa sœur, double fantôme, céleste et doux...

21 juillet 2010

Un couple de bourgeois invite à sa table quelques-unes de ses meilleures relations. La maîtresse de maison, en fin métronome, prévoit tout dans les moindres détails pour que son repas soit une réussite : les invités sont triés, le plan de table est vu, revu et corrigé pour tendre vers la perfection, le menu est savamment élaboré afin de ne pas proposer de recettes qu'auraient déjà dégustées certains convives, les couverts sont dressés au millimètre près... Pas un grain de sable ne doit venir enrayer la soirée organisée par "Madamedu".

Les invités arrivent petit à petit : un célibataire "confirmé" accompagné d'un ami qui ne fait pourtant pas partie des invités, tous deux détestent les futilités ; un ambassadeur et sa femme au franc-parler bien souvent inapproprié ; un couple "un goût pour deux", de la graine de nouveaux riches, une paire indissociable qui ne doute de rien ; l'invité d'honneur, un riche industriel canadien ; un couple mal assorti, monsieur est avocat et sa femme, surnommée "La mère Lachaise" (elle ne raterait jamais un enterrement...), mystérieuse et troublante. La description de chaque personnage est détaillée. Les invités prennent forme à travers les portraits que dresse l'auteur. L'on peut ainsi s'imaginer pleinement les différents protagonistes de ce repas, certains étant même caricaturés volontairement.

Au final, donc, 14 invités, en incluant la maîtresse de maison et son mari. Ils sont prêts à passer à table mais l'un d'eux s'aperçoit alors qu'il n'est pas à la bonne soirée : il s'est trompé d'étage... Bien que la maîtresse de maison se soit déjà accommodée de la situation, le "faux" invité quitte l'appartement... Il ne reste plus que 13 convives. Un chiffre porte-malheur ! L'une des invitées s'en rend compte. On frôle l'incident diplomatique. Pour remédier à cette situation, "Madamedu" propose de se retirer. Pas question pour ses invités ! Une nouvelle « invitée » est alors choisie au mépris de la bienséance : il s'agit de la bonne, Sonia, une jeune musulmane thésarde ! Au grand dam de certains, pour le plus grand plaisir des autres. Le repas va alors peu à peu dérapé... mais pas forcément de la façon dont on pourrait le penser... Pierre Assouline inverse les rôles du "Dîner de cons" !

14 juillet 2010

Dans "La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler", Michel Folco raconte l'enfance et l'adolescence du futur Führer, en mêlant vérité historique et liberté de fiction. Tous les chapitres sont introduits par de longues citations faisant presque office de résumés. Un ouvrage très documenté, captivant et dérangeant.

Dans un premier temps, on découvre, dans l'Autriche paysanne du XIXe siècle, le parcours d'Alois Schicklgruber (devenu Hiedler, puis Hitler). Père de deux enfants et récent veuf, celui-ci épouse, en 1885, sa nièce Klara Pölzl, de 23 ans sa cadette. Alors que la malédiction semble s'abattre sur le couple avec les décès de leurs nourrissons, un petit garçon naît le 20 avril 1889 : il se prénomme Adolf.

Michel Folco évoque ensuite les premiers pas d'Adolf Hitler. Il dresse le portrait d'un enfant d'une banalité effarante. Rien ne présage en effet que le jeune "Adi" peut receler le plus effrayant des monstres. On suit son parcours à la maison où il est choyé par sa mère. On le suit dans différents établissements scolaires : il est bon élève pour la plus grande satisfaction de son père. L'auteur évoque ses jeux et ses amitiés d'enfance. Entre les déménagements dus à la profession de son père (directeur des douanes impériales et royales), on le voit grandir comme n'importe quel jeune - populaire ou pas dans la cour d'école - jusqu'à la mort de ses parents (il a 14 ans au décès de son père et 18 à celui de sa mère) et son départ pour Vienne pour suivre des études aux Beaux-Arts. Un tournant dans sa vie puisqu'il sera recalé à deux reprises... Décu et fauché, Adolf Hitler ne deviendra pas un peintre de renom. Désabusé, il finira même dans la rue...

A aucun moment pourtant, Adolf Hitler ne laisse poindre une once de rage envers le monde ou encore de haine envers les Juifs...

A lire.