Mirontaine sta leggendo

http://lemondedemirontaine.hautetfort.com/

Professeure des écoles par correspondance et lectrice passionnée autant en littérature de jeunesse qu’en littérature générale.

8 avril 2012

J'aime beaucoup l'écriture de Daniel Pennac notamment la saga des Mallaussène et j'étais assez curieuse de découvrir sa dernière parution Journal d'un corps publié chez Gallimard.

D'ordinaire, il aime enchanter l'enfance et la poésie des mots avec nostalgie et dérision. Le sujet de son dernier roman est de raconter la vie d'un homme, par le biais du corps. Nous avons entre les mains le journal de cet homme qui nous confie ses découvertes sexuelles, ses déceptions amoureuses et toutes les expressions de son corps de sa prime enfance (13 ans) à son dernier souffle(87 ans).

Comment tenir en haleine le lecteur avec le journal d'un corps? Pennac réussit habilement à décrire les turpitudes du corps, la fierté masculine, l'angoissante question féminine. Le corps velléitaire dépasse la banalité du propos grâce à une écriture fluide où l'intime est dévoilé.

J'aime beaucoup le récit sans artifices de la vie d'un homme ordinaire, néanmoins imaginaire puisqu'il meurt en 2010. La question de l'authenticité est éludée. La littérature atteint dès lors la vérité profonde comme celle de la peur originelle qui ouvre le roman.La peur du jeune garçon de se faire dévorer par les fourmis. Face au miroir, il se trouve inexistant.Il doit donc se construire un corps, une enveloppe charnelle.Il va remplir sa vie de mille morts et renaissances.

La découverte de la sexualité m'a beaucoup fait rire mais ce roman m'a émue également au delà des détails triviaux. Ce qui d'ordinaire est tu, s'inscrit noir sur blanc. Ecrire à partir de l'élément physique, non plus seulement de l'intellect, voilà un pari très réussi sous la plume de Pennac.

8 avril 2012

J'aime beaucoup l'écriture de Daniel Pennac notamment la saga des Mallaussène et j'étais assez curieuse de découvrir sa dernière parution Journal d'un corps publié chez Gallimard.

D'ordinaire, il aime enchanter l'enfance et la poésie des mots avec nostalgie et dérision. Le sujet de son dernier roman est de raconter la vie d'un homme, par le biais du corps. Nous avons entre les mains le journal de cet homme qui nous confie ses découvertes sexuelles, ses déceptions amoureuses et toutes les expressions de son corps de sa prime enfance (13 ans) à son dernier souffle(87 ans).

Comment tenir en haleine le lecteur avec le journal d'un corps? Pennac réussit habilement à décrire les turpitudes du corps, la fierté masculine, l'angoissante question féminine. Le corps velléitaire dépasse la banalité du propos grâce à une écriture fluide où l'intime est dévoilé.

J'aime beaucoup le récit sans artifices de la vie d'un homme ordinaire, néanmoins imaginaire puisqu'il meurt en 2010. La question de l'authenticité est éludée. La littérature atteint dès lors la vérité profonde comme celle de la peur originelle qui ouvre le roman.La peur du jeune garçon de se faire dévorer par les fourmis. Face au miroir, il se trouve inexistant.Il doit donc se construire un corps, une enveloppe charnelle.Il va remplir sa vie de mille morts et renaissances.

La découverte de la sexualité m'a beaucoup fait rire mais ce roman m'a émue également au delà des détails triviaux. Ce qui d'ordinaire est tu, s'inscrit noir sur blanc. Ecrire à partir de l'élément physique, non plus seulement de l'intellect, voilà un pari très réussi sous la plume de Pennac.

25 mars 2012

Les Prétendants est composé de trois textes : La Nuit, Le Vent, Les Fleurs.
Leur point commun : la nuit romaine comme toile de fond. Marco Lodoli entraîne ses lecteurs dans un univers singulier, plutôt sombre et surprenant. La vie, la mort, le temps, la nuit et Rome offrent des histoires étranges où l’imagination est reine. L’histoire commence de manière ordinaire puis au fil des pages la marginalité se déploie jusqu’au point de non retour, jusqu’au pays de la peur.
Il est très difficile de commenter ce livre sans lui ôter sa beauté transcendée par l’art de Marco Lodoli lorsqu’il distille un malaise poétique. La peur de la faucheuse s’entremêle aux rêves.


Dans le premier récit La Nuit, Costantino, semble aux prises avec l’inéluctable. Les deux hommes de main du Fou – Fedele et Ottavio – lui offrent une dernière nuit de ripailles avant son exécution. Cela fait pourtant des dizaines d'année que Costantino obéit scrupuleusement au Fou : d'abord coursier d'étranges colis, puis jardinier d'un domaine inhabité, il a laissé le fou diriger sa vie. Mais Costantino ne réussit pas à étouffer ce désir d'amour et de bonheur qui le tiraille depuis l'adolescence.
Dès l’incipit, on pense à une sordide histoire de mafia mais très vite se profile un univers surréaliste.
Le Vent est assez différent. Lucas arpente chaque nuit la capitale à la recherche de quelques clients. Mais ce soir-là c'est un étrange passager qui prend place dans sa voiture et commence pour Lucas et ses proches une folle course contre la montre. Le Vent est le récit le plus amusant de la trilogie. Il interroge le processus de création littéraire. En effet, dans une amusante mise en abîme, Marco Lodoli s'invite dans l'action et s'interroge sur son statut d'écrivain.
Avec Les Fleurs, la quête du sens en écriture s’intensifie. Le narrateur, simple postier d'un petit village, a tout abandonné pour se consacrer à la poésie. Il quitte son métier et son village. Arrivé à Rome, il attend d'être remarqué par le directeur de la revue La Tanière. Mais l'attente va s’éterniser.
Les intrigues sont différentes mais la ville de Rome apparaît dans chaque récit comme un lieu de tous les possibles. Les rencontres sont angoissantes.
J’ai beaucoup aimé l’interprétation d’une transcendance qui manipulerait chaque individu ( le fou, le directeur de la revue puis Marco Lodoli). Les personnages se montrent tels des marionnettes.
Louise Boudonnat, la traductrice, ajoute : « ils sont les prétendants à l'impossible : aller plus loin que l'amour, que la mort, que l'écriture. »
Le style poétique de Marco Lodoli est très surprenant. Mais il faut aller au-delà des métaphores, du merveilleux et des hallucinations pour apprécier la beauté de ses histoires à dormir debout.
Un très bon livre sur le pouvoir de l’imagination.

6 mars 2012

Je l'ai bien aimé ce petit livre publié dans la maison d'éditions La Contre Allée. C'est une oeuvre de commande sur un quartier ouvrier de Lille, celui de Fives. Ce quartier est en pleine mutation, il suscite le respect et l'admiration pour le passé lillois ouvrier. Mais le regard posé sur ce quartier est tour à tour sensible mais aussi comique. Au fil des bistros, Amandine et Carole entrent dans le quotidien de la culture populaire au delà des friches industrielles. Elles proposent des lectures chez l'habitant et au fil des rencontres, le récit se construit.


J'ai beaucoup aimé la parole donnée aux femmes de ce monde ouvrier porté par les hommes. L'une cherche des informations inexistantes sur les femmes de l'industrie textile à Fives. Elle joue sur le fait qu'elle ne trouve pas d'informations à ce sujet et cette absence d'archives en révèle encore davantage sur le quartier.

L'humour est très subtil pour outrepasser l'admiration. Le passage entre le passé récent et les habitants d'aujourd'hui témoigne de la mutation du quartier. Les habitants se cherchent.

C'est un très bel exercice d'écriture sur le quotidien, ni historique, ni sociologique mais un regard subjectif pour mettre en lumière un quartier.

J'ai apprécié également les propos des auteurs sur la commande en écriture et la difficulté d'écrire sur un sujet imposé.

Livre audio 1 CD MP3 - 625 Mo

Audiolib

24,00
29 février 2012

J'étais plutôt frileuse en commençant ce roman. J'ai donc préféré attendre que la pression médiatique s'estompe afin de l'apprécier à sa juste valeur.

C'est le premier livre de Delphine De Vigan que je découvre. Elle choisit ici d'écrire sur sa mère et sa nécessité(ou plutôt sa difficulté) d'écrire sa famille. C'est ce dernier point qui m'attirait vraiment en ouvrant ce roman.

Lucile, la mère de l'auteure, s'est suicidée quelques années plus tôt et Delphine De Vigan tente de remonter le fil émotionnel de sa propre enfance mais aussi celle de Lucile. Elle mène l'enquête auprès des siens en les interrogeant, en enregistrant leurs paroles, en consultant les photos et les souvenirs de cette famille dans les années 70.

Elle reconstruit le lourd passé de sa famille et simultanément quelques chapitres évoquent son rapport à l'écriture. Une sorte de "work in progress" entrecoupe le récit et apporte beaucoup de densité au propos de Delphine de Vigan. L'enfance de Lucile,au coeur d'une famille nombreuse,verra surgir de nombreux drames: décès, incestes et silences pesants.

L'écriture de Delphine est toute en contraste saisissant entre l'effervescence émotionnelle de sa famille et le choix des mots. Une tonalité très sobre virevolte avec une grande douleur, sourde et profonde.

Comme de nombreux lecteurs avec ce type de récit, je craignais l'excès de pathos.Il n'en est rien. La bipolarité de Lucile, par la magie des mots, nous emporte dans une dimension cathartique.

"J'éprouve encore des sentiments pour mes enfants, mais je ne peux pas l'exprimer. Je n'exprime plus rien. Je suis devenue laide, je m'en fous, rien ne m'intéresse sinon d'arriver enfin à l'heure de dormir avec les médicaments. Le réveil est horrible. Le moment où je passe de l'inconscient au conscient est un déchirement. Se forcer à prendre une douche, trouver des oripeaux acceptables."

Tout au long de ce roman, je me suis interrogée sur la nécessité pour les auteurs de se livrer. J'ai trouvé quelques réponses dans l'introspection de l'auteure sur son travail d'écriture.

"A une amie avec laquelle je déjeunais, alors que je terminais ces retranscriptions, toujours à l'arrêt dans l'écriture, je m'entendis expliquer: ma mère est morte mais je manipule un matériau vivant."

Comme le désirait Justine, la soeur de l'auteure, le roman se termine de manière positive puisque ...

"Lucile[Poirier] est morte comme elle le souhaitait: vivante."