Marguerite n'aime pas ses fesses

Ah ! Marguerite. Si encore il n'y avait que ses fesses. Mais il semblerait que le manque d'estime qu'elle porte à son fessier soit l'arbre qui cache la forêt. Car Marguerite, en fait, n'aime pas grand chose chez elle : elle se trouve à peine passable physiquement (Jonas lui répète d'ailleurs inlassablement qu'elle a bien de la chance qu'il daigne partager sa vie avec elle), elle manque d'ambition professionnelle (qui voudrait lire ce qu'elle écrit ?)... Il faut dire qu'avec un père absent et une mère complètement égocentrique, Marguerite n'a pas vraiment grandi dans la confiance.
Alors pourquoi, me direz-vous, est-ce qu'un ancien Président de la République, la croisant dans le couloir d'une maison d'éditions parisienne, s'entiche-t-il d'elle au point de la réclamer comme biographe pour ses Mémoires ? Cette rencontre va rapidement mettre à mal le train-train de Marguerite, qui va lentement mais sûrement éclore (elle n'a pas un prénom de fleur pour rien) au contact du vieil homme. Et découvrir une facette de sa personnalité qu'elle avait jusque là sagement ignorée...
N'en disons pas plus, pour ne pas déflorer l'intrigue qui promet d'être riche en rebondissements (voire même en fessiers rebondis). Erwan Larher dresse avec humour et acuité le portrait d'une France d'aujourd'hui, à travers les dérives aussi bien politiques que sexuelles d'une génération entière. Dans une langue toujours aussi remarquable, ce cinquième roman paru en avril chez Quidam fait preuve d'une grande inventivité dans le style ainsi que d'un sens du rythme savamment maîtrisé. On ne s'ennuie pas une seconde aux côtés de Marguerite, plongés avec elle au cœur d'une affaire d’État qui donne au roman des allures de thriller, tout en espérant secrètement qu'elle finira, elle aussi, par découvrir la véritable personnalité de Jonas. Parce qu'une chose est certaine : Marguerite n'aime peut-être pas ses fesses, mais nous, on l'aime comme elle est !