• Conseillé par (Au moulin des Lettres)
    11 octobre 2021

    Un album sur la souffrance et l'isolement des enfants "dys"

    Le premier album de Nadia Nakhlé publié en 2020, intitulé « Les oiseaux ne se retournent pas » et déjà publié par les éditions Delcourt, m’avait déjà fait forte impression tant l’illustration était époustouflante de beauté et de poésie malgré le sujet traité difficile, la guerre, l’exil et la perte.
    Celui-ci s’adresse à une catégorie de lecteurs plus jeunes, dès 10 ans. Il aborde un sujet bien différent, celui des enfants « dys- »: dysphasiques, dyslexiques, dysorthographiques, dyscalculiques…
    Eliza a 8 ans ; elle est surnommée ZazaBizar par ses camarades de classe car elle est emprisonnée dans un maelström de voyelles, de consonnes et de sons qu’elle n’arrive pas à mettre dans le bon ordre. Tout s’emmêle lorsqu’elle veut parler ou lorsqu’on l’ interroge à l’école si bien que personne ne comprend ce qu’elle dit. Les enfants qui la côtoient tous les jours ne font rien pour l’aider et la fillette s’enfonce dans un isolement douloureux et dans le silence jusqu’au jour où un autre élève arrive dans la classe. Lui aussi est « différent ». Si ce garçonnet bien dans sa peau va l’aider, l’imaginaire de Zaza va lui être aussi d’un grand secours et c’est aussi ce que cet album nous raconte.
    Eliza exprime sa douleur d’être incomprise par les autres enfants et par ses maîtresses dans un journal qu’elle tiendra tout au long du lent voyage qui la mènera vers la guérison. L’orthographe adoptée par Nadia Naklhé reflète la confusion de Zaza face à l’écrit mais au fil des pages et des séances chez l’orthophoniste, son orthographe va s’améliorer et le chaos régresser.
    Le chemin vers la guérison sera bien long pour Zaza, deux longues années, car il faudra déjà que ses troubles soient diagnostiqués ; elle va suivre un parcours du combattant avec l’aide de ses parents, totalement démunis au début.
    « Zaza Bizar » est un album de toute beauté où les nuances de bleu, gris et noirs dominent la palette rehaussée par de toutes petites touches de rouge et de jaune. La finesse et la précision du dessin, la mise en scène de chaque page représentant l’album tenu par Eliza donnent à l’ensemble une poésie et une douceur qui atténuent la dureté du propos puisqu’il s’agit bien de douleur et d’exclusion dues à ce handicap, peu abordé dans la littérature Jeunesse mais qui concerne des milliers d’enfants. Cet album est aussi un hommage au travail patient et plein d'empathie que réalisent les orthophonistes.