Cet ouvrage est consacré à l'utilisation de la main dans l'œuvre de l'artiste-philosophe Hervé Fischer, de la fin des années 1960 jusqu'à aujourd'hui. Le lecteur y découvrira une toile inédite en France datant de 1969 ainsi que les contre-empreintes de main, geste anti-avant-gardiste adopté au début des années 1970. A cette période, Hervé Fischer s’engage dans une démarche qu’il qualifie d’« hygiène de l’art » et reprend l’empreinte de main préhistorique dans un sens nouveau, celui d’une déconstruction de la peinture. Il décide alors de montrer la main du regardeur, qui ose toucher la toile. Fischer insiste sur ce geste désacralisant (la toile essuie-mains), qu’il répète alors sur de nombreuses toiles libres. En 1982, Hervé Fischer convoque de nouveau la main dans son travail pictural, le geste n’est plus alors un commentaire sur la pratique picturale, mais une dénonciation de la violence sociale. Les contre-empreintes de mains se transforment et laissent la place à des mains mutilées, soumises, mortes, qui reflètent la dureté d’une époque. Invité par le Musée de Céret en 2010-2011, l'artiste réalise pour l’occasion une importante fresque in situ en écho à l’ensemble des mains de son œuvre. L’événement aurait pu être vécu comme une consécration de ce motif, mais il n’en fut rien. Indissociable des activités humaines, la main dans l’œuvre de Fischer se devait d’en accompagner les évolutions. Elle sert alors à penser l’ère des technologies numériques. Depuis 2014, l’artiste approfondit cette recherche, à la fois philosophique, politique, économique et éthique, sur l’Age hyperhumaniste, qui nous relie aux autres avec des dispositifs tenant dans la main, comme le smartphone, que l’artiste appelle le « silex intelligent ». La main de l’homme préhistorique est devenue une hypermain qui touche biennaux-delà de ses capacités physiques.
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