Le livre de la Caspienne, Azerbaïdjan

Vasilij Âroslavovič Golovanov

Verdier

  • Conseillé par (Librairie Le Préau et la Cour des Grands)
    30 septembre 2023

    JULIE

    Quelques années après la fin de l'Union soviétique, Vassili Golovanov se prend de passion pour « la grande part d'Orient au sein de la Russie ». Longtemps invisibilisée au sein de l'URSS, tout juste un peu « étrange », cette partie du monde soviétique débarque dans le quotidien des Russes dès les années 90 avec l'arrivée de travailleurs migrants, des hommes et des femmes vivant dans des campements de fortune en marge des villes et occupant les emplois les plus pénibles.
    Souhaitant dialoguer avec l'Orient malgré les conflits, Vassili Golovanov se met alors en tête d'écrire une « géographie totale de la Caspienne », car autour de cette mer intérieure, trois mondes cohabitent (russe, bouddhique et islamique) dont les particularités culturelles commencent à s'effacer sous l'effet de la mondialisation.
    Parti en reportage pour le magazine Bakou, il arrive dans la partie la plus moderne de la capitale de l'Azerbaïdjan, ce qui donne lieu à des déambulations nocturnes étranges, dans de grandes avenues désertes et impersonnelles bordées de ruelles sombres et chaleureuses. Cependant, se laissant porter par le hasard et de belles rencontres, il entrevoit ce qui survit de mondes anciens et qui affleure encore dans le quotidien des Azerbaïdjanais : des tombeaux de saints auxquels on rend un culte, des « routes mystérieuses » millénaires gravées dans le sol et qui s'enfoncent dans la mer, des statuettes qui rappellent l'influence de l'antique Sumer, des villages anciens où persistent les traces du zoroastrisme...tout cela presque anéanti par l'exploitation du gaz et du pétrole. Ainsi, les terres rendues impropres à la culture, les déchets plastiques omniprésents, l'exode rural, la corruption ou le népotisme composent l'autre partie du tableau. Car rien n'est jamais caché dans les récits de Vassili Golovanov, aucune difficulté, aucune déception.
    Qui d'autre que ce voyageur-géographe, poète-vagabond, aurait pu rendre aussi tangible la Caspienne, cette terre longtemps restée aux marges du monde civilisé ?